Le gouvernement fédéral a approuvé plus de 190 millions $ en primes aux sociétés d’État en 2024-2025, selon des documents obtenus par la Fédération canadienne des contribuables.
« Les bonus devraient récompenser la performance, pas être distribués comme des trophées de participation », a déclaré Nicolas Gagnon, directeur Québec de la FCC. « Les contribuables n’ont pas les moyens de financer, année après année, de généreux chèques de primes versés à des hauts fonctionnaires déjà très bien rémunérés. »
« Et si le gouvernement cessait de distribuer des primes alors qu’il s’endette à coup de dizaines de milliards de dollars chaque année? »
Les documents détaillant les primes des sociétés d’État pour 2024-2025 ont été publiés en réponse à une question inscrite au Feuilleton déposée par le député conservateur Andrew Scheer (Regina-Qu’Appelle).
Les sociétés d’État ont distribué 190,3 millions $ en primes pour le dernier exercice, selon les documents. Ceux-ci ventilent les primes des cadres et des non-cadres.
La Banque de développement du Canada a versé plus de primes que toute autre société d’État, avec plus de 60 millions $ remis à ses employés. Tous les cadres ont reçu une prime, pour une moyenne de 216 000 $.
Plusieurs sociétés d’État déficitaires ont également distribué des primes.
La Société canadienne d’hypothèques et de logement a approuvé 30,6 millions $ en primes l’an dernier. Près de 99 % de ses cadres ont reçu une prime, pour une moyenne de 42 900 $, selon les documents.
La SCHL affirme pourtant être « guidée par un seul objectif : l’abordabilité du logement pour tous ».
En 2024, la Banque Royale du Canada affirmait qu’il n’avait « jamais été aussi difficile d’acheter une maison ». Plus de 70 % des Canadiens qui ne possèdent pas de logement disaient avoir « renoncé à l’idée d’en posséder un jour », selon un sondage Ipsos.
VIA Rail a également versé 11 millions $ en primes en 2024-2025. Les documents montrent que 100 % de ses cadres ont reçu une prime l’an dernier. La prime moyenne des cadres de VIA Rail s’élève à 110 000 $.
Les pertes d’exploitation de VIA Rail se sont élevées à 385 millions $ au cours du dernier exercice, selon son plus récent rapport annuel. Le gouvernement a renfloué VIA Rail à hauteur de 1,9 milliard $ au cours des cinq dernières années, uniquement pour couvrir ses pertes d’exploitation.
La Banque de l’infrastructure du Canada a versé 8,6 millions $ en primes en 2024-2025. Les documents montrent que 83 % de ses cadres ont reçu une prime, pour une moyenne de 197 000 $.
« La BIC ne devrait atteindre aucun de ses objectifs de décaissement dans quelque secteur que ce soit d’ici 2027-2028 », selon le Directeur parlementaire du budget.
En mai 2022, le Comité permanent des transports, de l’infrastructure et des collectivités de la Chambre des communes a déposé un rapport avec une seule recommandation : « Que le gouvernement du Canada abolisse la Banque de l’infrastructure du Canada. »
Plusieurs sociétés d’État, dont Postes Canada et la Commission de la capitale nationale, n’ont pas fourni de données sur les primes pour 2024-2025. Les deux organisations ont indiqué qu’elles n’avaient « rien à déclarer pour le moment ».
Les ministères et organismes fédéraux n’ont pas encore publié leurs chiffres pour 2024-2025. Toutefois, entre 2015 et 2023, le gouvernement a approuvé plus de 1,5 milliard $ en primes versées aux fonctionnaires fédéraux, et ce, même si « moins de 50 % des cibles de performance sont atteintes la même année », selon le DPB.
Le premier ministre Mark Carney exige pourtant que les sociétés d’État proposent des économies allant jusqu’à 15 % de leurs dépenses d’ici 2028, selon les médias.
« La première chose que Carney devrait abolir, ce sont les primes payées avec l’argent des contribuables », a déclaré M. Gagnon. « Il faut un véritable changement de culture à Ottawa, et cela passe par la fin de cette habitude de récompenser l’échec avec l’argent du public. »
« Ces montants sont indécents », a poursuivi M. Gagnon. « Pendant que des familles se serrent la ceinture pour se loger, Ottawa signe des primes à six chiffres dans des sociétés d’État minées par les déficits et les fiascos. »
« Les contribuables ne devraient jamais avoir à financer des chèques bonis pour des dirigeants incapables de remplir leur mission de base. C’est un gaspillage éhonté et un affront à tous ceux qui travaillent dur pour arriver à joindre les deux bouts. »
Sociétés d’État ayant versé le plus de primes en 2024-2025