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Moins de journaliste et plus de fonctionnaires chez Radio-Canada

Auteur: Nicolas Gagnon 2025/10/26

La Société Radio-Canada utilise l’argent des contribuables pour faire croître sa bureaucratie tout en réduisant le nombre de journalistes, selon des documents obtenus grâce à des demandes d’accès à l’information déposées par la Fédération canadienne des contribuables.

« Radio-Canada justifie son existence par son journalisme, mais pendant que le nombre de journalistes diminue, sa bureaucratie grossit et la facture pour les contribuables augmente », déclare Nicolas Gagnon, directeur Québec de la Fédération canadienne des contribuables.

« Pourquoi le gouvernement continue-t-il de verser toujours plus d’argent à un diffuseur public que presque plus personne ne regarde et qui emploie de moins en moins de journalistes ? »

En 2021, Radio-Canada employait 745 personnes portant le titre de « journaliste » ou de « reporter ». 

En 2025, il n’en restait plus que 649. Autrement dit, sur un effectif total de 6 100 employés, à peine 11 % occupaient un poste lié directement au journalisme. 

Même les fonctions de soutien à la rédaction – éditeurs, producteurs, animateurs – ont diminué au fil des ans.

Pendant que le nombre de journalistes baissait, la bureaucratie, elle, continuait de gonfler. Le nombre de postes de direction est passé de 935 à 949 entre 2021 et 2025. Dans le même temps, les emplois d’« administrateurs », de « conseillers », d’« analystes » et de personnel des ventes ont augmenté sans relâche. 

Les postes de « directeur national », de « chef de projet », de « gestionnaire principal » et de « superviseur » sont désormais légion.

Ces chiffres contredisent directement le discours de Radio-Canada, qui prétend encore que son journalisme de terrain justifie son existence. 

En réalité, la société d’État consacre de moins en moins de ressources à l’information et de plus en plus à son appareil administratif, tout en réclamant plus d’un milliard de dollars par an aux contribuables.

D’autres documents obtenus par la Fédération confirment l’ampleur du problème : Radio-Canada compte plus de 250 directeurs, 450 gestionnaires et 780 producteurs rémunérés à plus de 100 000 $ par année. 

S’y ajoutent 130 conseillers, 81 analystes, 120 animateurs, 80 chefs de projet, 30 architectes principaux et 25 superviseurs, également payés au-delà de 100 000 $. Les fonctions de plus de 200 employés ont été caviardées par la société d’État.

La présidente-directrice générale, Marie-Philippe Bouchard, défend son organisation en affirmant qu’il s’agit d’un « actif public précieux » offrant une information « fiable et crédible ». Sa prédécesseure, Catherine Tait, répétait le même discours pendant ses six années de mandat.

« Un Canada sans Radio-Canada, c’est un Canada sans nouvelles locales », déclarait-elle en 2022. Elle soutenait que sans financement public, il y aurait « moins de journalistes pour tenir les décideurs responsables ». 

En 2020, elle affirmait que « l’information locale est au cœur de [leurs] activités » et que « les Canadiens se tournent vers Radio-Canada en nombre record ».

Pourtant, les données internes de Radio-Canada révèlent que son réseau d’information continue ne rejoint qu’environ 1,8 % du public télévisuel.

Pendant ce temps, le financement public dépassera 1,4 milliard $ cette année, selon les prévisions budgétaires fédérales. Au total, Radio-Canada a dépensé près de 5,4 milliards $ d’argent public au cours des cinq dernières années, selon les données gouvernementales.

Le premier ministre Mark Carney a affirmé pendant la dernière campagne électorale que « notre diffuseur public est sous-financé ». Il a promis d’augmenter son budget de 150 millions $ par an, avec la possibilité d’ajouter encore davantage.

En 2024, Radio-Canada a versé 18,4 millions $ en primes, tout en supprimant des centaines d’emplois. Devant le tollé politique, elle a mis fin à ses primes, mais distribué des hausses salariales records totalisant 37,7 millions $.

« Les contribuables n’ont pas à payer pour des bureaux remplis de gestionnaires qui se font passer pour des journalistes », conclut M. Gagnon. « Les documents internes de Radio-Canada démontrent qu’il y a du gras à couper. Si Carney veut réellement trouver des économies, il devrait forcer la société d’État à couper dans sa bureaucratie.»