Montréal, QC: Après avoir mis fin à ses primes financées par les contribuables, la Société Radio-Canada a versé des hausses salariales records de 37,7 millions $ en 2024-2025, selon des documents obtenus par la Fédération canadienne des contribuables en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
« Radio-Canada tente de calmer la controverse des primes, mais elle fait juste déplacer le problème, » dénonce Franco Terrazzano, directeur fédéral de la FCC. « Les contribuables ne sont pas dupes : que l’on parle de primes ou de hausses de salaire, c’est toujours leur argent qui est dilapidé. »
« Cette manœuvre montre que Radio-Canada n’a rien appris du tollé qu’elle a provoqué l’an dernier, » ajoute M. Terrazzano. « Les politiciens ont réagi, le public s’est exprimé, et pourtant la société d’État continue de se servir dans les poches des contribuables. »
Plus tôt cette année, Radio-Canada avait elle-même reconnu qu’elle comptait hausser les salaires en remplacement des primes.
« Le conseil d’administration, sur l’avis et avec l’accord de la présidente-directrice générale, a décidé de mettre fin à la rémunération au rendement individuelle, » annonçait la société dans un communiqué daté du 14 mai 2025.
« Afin de maintenir la rémunération globale au niveau médian actuel, les salaires des employés concernés seront ajustés pour refléter la suppression de la rémunération au rendement individuelle. »
Aucune prime n’a été versée en 2024-2025, selon les documents obtenus par la FCC.
En revanche, Radio-Canada a accordé des hausses salariales inédites.
Un total de 37,7 millions $ a été versé à 6 295 employés, soit une augmentation moyenne d’environ 6 000 $ par personne. Aucun employé n’a subi de réduction de salaire, selon les documents obtenus.
Ce montant dépasse de loin celui des hausses accordées les années précédentes. À titre de comparaison, en 2023-2024, Radio-Canada avait accordé 11,5 millions $ en augmentations salariales.
Les augmentations de cette année surpassent donc largement les économies supposées générées par la suppression des primes, lesquelles avaient été annulées après une vive contestation du public, tous partis confondus.
L’an dernier, la FCC avait dévoilé un sondage Léger révélant que sept Canadiens sur dix s’opposaient aux primes versées par Radio-Canada.
Même les Amis des médias canadiens, un groupe militant en faveur d’un diffuseur public fort, avaient pris position contre les primes.
« Vous avez sans doute entendu parler de la décision de CBC/Radio-Canada d’accorder 18 millions $ en primes, seulement quelques mois après l’annonce de nombreuses suppressions de postes, » écrivait Marla Boltman, directrice générale de l’organisation, dans une infolettre.
« Cette décision est complètement déconnectée de la réalité et indigne de notre diffuseur public national. »
La FCC a contacté Radio-Canada afin d’obtenir une justification pour ces hausses records en 2024-2025. La société n’a fourni aucune réponse.
« Tout cela ressemble à une opération de camouflage, » a dénoncé Nicolas Gagnon, directeur Québec pour la FCC. « Radio-Canada n’a pas éliminé les bonis, elle les a juste transformés en hausses salariales déguisées. »
« Il ne s’agit pas d’économies, mais plutôt de marketing politique. Radio-Canada veut éviter les mauvaises manchettes, tout en continuant de faire grimper la facture pour les contribuables. »
Cette année, le coût de Radio-Canada pour les contribuables dépasse 1,4 milliard $, selon le Budget principal des dépenses.
Et la croissance des salaires élevés se poursuit à un rythme accéléré, selon d’autres documents obtenus par la FCC.
En 2024-2025, 1 831 employés de Radio-Canada touchaient un salaire de plus de 100 000 $, représentant un coût total d’environ 240 millions $. Le salaire moyen pour ces employés s’établit à 131 060 $.
En comparaison, ils n’étaient que 438 à toucher un tel salaire en 2015-2016, pour un coût total de 59,6 millions $.
Le nombre d’employés rémunérés à plus de 100 000 $ a donc bondi de 17 % en un an, et de 318 % depuis 2015.
« Si le premier ministre Mark Carney veut vraiment mettre de l’ordre dans les finances publiques, il doit envoyer un signal clair à Radio-Canada en coupant dans le financement » conclut M. Gagnon.
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